29/02/2008

Ferme les yeux laisse le sol fondre et s’engloutir. AFFAISSER. Le carnet contient toutes ces flaques d’alcools, de soleils et d’explosions. Beatles dans les enceintes. Quand j’approche ma tête pour boire une gorgée de café j’ai l’impression qu’il veut m’aspirer comme moi j’ai pu le faire, je serai dans le liquide et je me laisserai fondre. Je me laisse fondre. Tout est noir-liquide il y a des parois en porcelaine blanche et la surface est lisse. Il n’y a pas une seule vague, un seul remous. C’est l’éternité dans la tasse et je flotte les yeux au ciel qui n’est que le plafond sale du café. Je suis dans l’infini sans sourire sans respirer peut-être sans mal sans sensations si attendez… Je ressens bien l’abandon de soi, le tout dans le Tout, le corps mélangé à l’esprit. Et je fonds comme un sucre et mes particules restantes se déposent dans le fond c’est doux si doux cette perte. Elle dure un million d’années au moins et il n’y a rien d’autre qui vient m’aspirer. Je m’altère par nécessité physique. Dans le noir-liquide, ou sur le banc au café.

20/02/2008

La marche nocturne.

Paupières brûlent. Lèvres ankylosées. L’écran noir reste muet et son silence m’insupporte. Des nouveaux paysages se révèlent alors, et ils sont beaux, loin, inatteignables. La lumière se déverse comme une pluie neuve. Les clochards célestes capturent l’aube dans leurs cils, il en coule de grandes et lourdes perles dorées. Entreprendre de trouer ses semelles, les râper sur l’asphalte noire et brute, les traîner dans les villes grises accrochées au ciel, les faire virevolter sur le sable brun fluide et sans cesse en mouvement. Les jours s’étirent comme des chats paresseux, les poussières dansantes sont des caresses bienfaitrices. Salvatrices. Le purgatoire terrestre, la civilisation mesquine se démènent pour ne pas se faire oublier. Envoie les valser et tourne à leur mort. Et rit effroyablement comme un poète monstre et ivre. Tu ris comme tu pleures. La marche est aisée sous la lune qui baigne la campagne blanche. Et marche et vole tes semelles trouées qui claquent sur les sentiers. Va, le front glacé admirablement par le Vent sans fonds. Les paupières sont fraîches comme un hiver doux. Au loin la ville s’allonge.

11/02/2008

Réminiscence blanche.

J’ai dit que je l’écrirai, avant même qu’on soit dans le présent des faits, avant la réminiscence blanche du lendemain. Je parle en décousu des flashs oppressants qui ralentissent ta vue, tes bras qui se lèvent puis tombent. J’étais sûre d’en parler. Je savais que j’en viendrai à calquer les événements, les éléments de ce temps-là. Vous êtes tous, à différents degrés dans votre miouse hebdomadaire propre. Echappée belle ; Il y a un garçon tout pâle qui parle de la bulle où il pense vivre, sans savoir qu’il peut l’éclater et j’aimerai le lui dire, mais arrive la livraison, la petite et douce délivrance. Volutes. Il y a cet autre au milieu qui nous fait des discours sur le foot et puis Kafka, mais entre la fille et l’élévation, tu sais bien ce qu’il a pris. Ensuite il y a toi, loin, loin, travelling arrière, déchirure, déchirure, alors tu enfles pour eux, te dégonfles pour nous ? Aucune haine. Juste de la mélancolie. J’imagine que les dés doivent être relancés sans cesse, le plateau de jeu est mou et autour c’est le silence dans les choses à venir. L’autre, elle en crève de tristesse discrète. Ta vue est sur ton cœur : elle rebondit à son rythme. Des serpents susurrent à leurs oreilles, et aux miennes aussi, ils déclarent : « Mais oui, cette pente, ce toboggan lumineux est suffisant pour être en dehors de soi, descendez, il paraît qu’on peut y voir la vraie figure des Âmes .» Alors, quand on sera à la dernière marche de l’escalier en colimaçon on pourra dévisager les masques de nos existences, et les défigurer ou les repeindre. Moi, je te le mangerai, tu es prévenu. Le violet pleut. Sur ta joue gauche, pauvre Izlo, j’inscris « Absurde, tropiques et pavots ». Je sais ce qu’il y a au plafond mais si je regarde je meurs. Ca monte aussi du sol, ils aiment tous faire la guerre pas compter les pertes. Quelles pertes ? Le front froid du serpent se baisse il vient caresser de sa peau froide les chairs chaudes. On voyage sur une péniche à lampions rouges et dorés, mille sensations viennent préoccuper tes sens, les retranscrire tous est vain. Froid. Chaud. Froid. Chaud. Izlo est dans sa miouse et rit follement. Que la ville est belle bercée dans les lumières, océan de néons, vagues jaunes remous flous.

05/02/2008

Choeurs écoeurants.

Voilà la Chorale. Ils viennent jusqu’à la porte me chanter leurs Cantiques lassants et lascifs quand je cherche juste à capter la beauté de l’Instant, l’étrangeté du Mouvement. Leurs vocalises m’écoeurent, leurs notes sont celles des églises, des échos lugubres des grands bâtiments mais moi, j’ai besoin de bruits, de voix, d’éclats de verres de rires j’ai besoin d’accordéons et de marées, de troquets et de fumées. Alors nous autres décidons d’hurler plus fort que ces soldats, que ce Chœur qui vomit ces paroles sans alcools et nous gueulons des choses comme Vive l’Ivresse Vive la Volupté à bas leurs messes à bas la banalité ! Izlo est le plus déterminé et le soleil chauffe à blanc nos rêves, nous nous endormons et murmurons encore, vive le Hasard vive la Poésie.

01/02/2008

Heroin (Velvet Underground)

A propos de ma première écoute d'Heroin.
Surprise. Au milieu de chansons plus ou moins connues mais néammoins superbes du Velvet je tombe sur celle-là. Heroin. D'abord les paroles d'une fausse douceur m'interpellent. Je stoppe ma lecture. J'écoute et je fais la corde au noeud coulant, je charge le revolver : je me laisse hâpper par la musique. Et il n'est plus possible d'échapper à la cage que forme mon corps. Le morceau en est le cadenas. Et la batterie rythme mon coeur et tout monte, tout explose, tout ralentit, tout recommence, c'est délicieux cette musique du diable, ces crissements à la fin du morceau, cette voix qui domine l'ensemble puis se brise après avoir franchi ses limites et cette transe oh "I guess I just don't know". Je frissonne réellement et comme jamais.
Le corps est tendu, les mains sont rouges, l'esprit est en chute libre. Et quand j'entends "to my vein" je souris et mon bras me tire, et je sais que ma figure doit à ce moment précis prendre le rictus horrible de la folie ; revoilà l'accélération et j'ai beau prier pour que tout stoppe, dès que le morceau est fini je le remets au début. Je suis accro. Je tremble de bonheur. Ne croyez pas que j'exagère. J'aime cette magie; peut être qu'à un autre moment cette chanson ne m'aurait pas marqué. Mais maintenant c'est fait, ce petit miracle dans ma chambre et je sais que je pourrai toujours venir me frotter à cet exquis effroi. J'ai eu l'injection fatale et j'ai les larmes aux yeux; que la Musique est belle, qu'elle m'est indispensable, cette putain, cette bourgeoise, ce masque chéri. Ces notes qui s'emballent, ces minutes qui passent et trouent mon coeur en milliers de cratères. Appuyer sur le bouton "Repeat" est nécessaire à la survie. .
I wish that I was born a thousand years ago I wish that I'd sail the darkened seas On a big great clipper ship Going from this land here to that In a sailor's suit and cap Away from the big city Where a man can not be free Of all this evils of this town And of himself and those around