12/03/2008

Easy.

La fatigue des mille ans perdus me prend facilement [easy-easy]. C’est un dégoûtant vertige de lassitude, les yeux clos cloîtrent la pensée dans le rond noir de la tête. Les paupières perdent leur doré et c’est comme une petite pluie poudreuse et impalpable qui en tombe. La descente lumineuse dure une seconde tout au plus, c’est trop rapide, c’est si écoeurant que j’en ai le cœur au bord des lèvres. Il y a des nuages gris sur les nuages roses, des hommes sur des femmes, des blessures, des plaies ouvertes sur mes Illusions. Je tiens bon. Il y a d’un côté un grand et bel espoir, une immensité de lendemains, et puis il y a toi « What became of the likely lads, what became of the dreams we had ? » ça résume assez bien la chose, le rejet, la douleur, la haine, la nausée, la tristesse et puis mon sang. Oui mon sang. C’est maintenant, dès aujourd’hui, sans toi. Brutale décomposition, putrification d’un « amour ». Le « deuil », je ne sais pas pour quand il peut être, je ne peux pas en parler, je ne veux pas, c’est l’instant, ce n’est pas demain, je ne dis pas, plus « avenir » à côté de ton nom parce que je sais que le jour à venir m’accordera encore de la souffrance associée à toi. Oh toi. C’est sans toi et l’as décidé sans moi. C’est t’entendre dire que l’Ecriture n’est plus « qu’un loisir » pour toi, que « Londres, oui, mais certainement pas avec toi ». C’est surtout te voir déchirer, piétiner, cracher sur nos belles Ivresses en route. Mort-nées. Embryons et fausses couches. Le liquide qui entourait le fœtus est malsain et répandu partout ça s’infiltre en moi, dans mes pensées, ça sèche et alors ça m’abat, ça forme la croûte de la haine, la pourriture du bonheur et je deviens un animal fou, alors il me faudrait des bras, un corps, tout est noir flou dérangé, les bruits sont horriblement amplifiés. J’ai des souvenirs mélangés à ce présent-là, et tout fond, se dérobe sous mes pieds, dégouline m’engloutit j’étouffe, c’est absurde l’existence, c’est absurde ce silence. Un corps compresserait ce vide, le rendrait minuscule, ses bras à lui seraient juste salvateurs, et dans ces moments-là j’ai juste besoin des injections du Serpent dans mes veines. Je m’accroche à ces deux, ce n’est pas possible sans. Oh comme on était près de Waterloo Bridge, à quelques kilomètres, on pouvait presque voir Londres se dresser à l’horizon. Presque. Ce sera sans toi, j’ai mis du sang sur ton image chéri pour oublier, pour t’effacer si possible mais ces jours d’après te ramèneront inévitablement et en vérité je ne veux que ça, mais d’une autre manière. Cela prendrait tellement de temps et d’énergie. J’ai la fatigue des mille ans perdus qui m’est tombée dessus aussi. La pellicule grise de la pénombre enveloppe les bâtiments crasseux, figés. Quelques lumières jaunes et vieillies tremblotent au loin. Les murs sont si blancs aujourd’hui, les images partout dessus ne les cachent pas bien, je sais qu’il y a ce blanc dégueulasse derrière, et ça ressemble tellement à tout ce qu’on peut vivre ici, c’est faux, et pourtant c’est moi qui l’ai voulu. Griffer ses bras. Easy, cette lassitude, ce gouffre. P-s : ce ne sont que des mots, tu le sais.

1 commentaire:

LadyDay a dit…

J'aime bien le carnet, ça fait authentique
:)